CeFi, TradFi et DeFi : la crypto peut-elle réparer la finance ?
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CeFi, TradFi et DeFi : la crypto peut-elle réparer la finance ?


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Ces dernières semaines, nous avons été plongé dans l’économie et la finance, merci à la faillite des trois banques américaines, aux problèmes du Crédit Suisse, à la réaction des trégulateurs et aux fondements mêmes du système monétaire.

Les crypto enthousiastes en ont profité pour pointer du doigt le système financier actuel et répéter « blockchain can fix this ».

Les crypto sceptiques ont imputé la chute des banques à des « paris crypto risqués », soulignant tous les cas récents de fraude et de dysfonctionnement dans l’espace crypto.

Ce qui est intéressant, c’est que toutes ces affirmations sont valables – mais seulement dans une certaine mesure 😉

☂️ « Ccrypto » est devenu un terme générique pour un large éventail d’entreprises, avec différents degrés de centralisation et des caractéristiques très différentes. En ce qui concerne la crypto finance, nous pouvons distinguer trois grands groupes : CeFiTradFi, et DeFi.

Alors qu’une nouvelle crise financière est peut-être en train de se développer sous nos yeux, il semble que ce soit le bon moment pour définir ces groupes, clarifier la confusion qu’ils ont générée, et essayer de comprendre si la blockchain peut effectivement réparer notre système financier💰🔧

CeFi. « La crypto est un système frauduleuse et défectueuse »

CeFi est un terme qui décrit les sociétés financières gérées de manière centralisée qui offrent des produits et services liés aux crypto : échanges centralisés (Binance, FTX💀), plateformes de négociation de produits dérivés (Deribit), gestion d’actifs (Grayscale, BlockFi💀), stablecoins centralisés ($USDC, $USDT), prêt-emprunt (Nexo, Celsius💀) ….

Les cas les plus remarquables de fraude et de dysfonctionnement dans l’industrie crypto concernent la CeFi, car elle fonctionnent de manière traditionnelle, en restant opaque et en cachant son linge sale jusqu’à ce qu’un problème majeur vienne tout exposer💥

C’est ainsi que fonctionnent toutes les sociétés financières, et le fait que la CeFi travaille avec les cryptomonnaies ne change pas grand-chose : tous les cas de fraude et de mauvaise gestion de la CeFi étaient très conventionnels : utilisation de l’argent des clients pour financer des opérations annexes (FTX), mauvaise gestion des risques (Celsius)… etc

Les outils permettant de prévenir ces fautes sont les mêmes pour toutes les sociétés financières : audits, rapports, certification, et même, dans certaines juridictions, licences spéciales pour les firmes crypto… qui s’avèrent tous inefficaces lorsque les choses se gâtent.

TradFi. « Le pari risqué sur les cryptos a fait couler les banques »

TradFi est un terme décrivant les institutions financières traditionnelles qui ont diversifié leur proposition pour inclure des produits liés à la crypto ou une clientèle liée à la crypto.

Les banques crypto-friendly (vous en connaissez tous au moins trois 😅), les sociétés de gestion d’actifs (Fidelity, VanEck), les bourses (Chicago Mercantile Exchange) peuvent toutes appartenir à la catégorie TradFi.

Un pari risqué sur la crypto a en effet contribué à l’effondrement d’au moins deux banques – Silvergate et Signature.

Toutefois, le mot clé ici n’est pas « crypto ». Le pari aurait pu porter sur les biotechnologies, les médias sociaux ou l’IA, la nouvelle coqueluche des journaux.

Le mot clé est « risqué » et il fait référence à une mauvaise gestion des risques, ainsi qu’au système même qui permet à une poignée de dirigeants de banques de prendre des décisions arbitraires, dont certaines ne sont manifestement pas très judicieuses.

DeFi. “Blockchain can fix this”

DeFi est l’abréviation de decentralized finance, c’est-à-dire des protocoles construits sur la blockchain, qui permettent aux utilisateurs de s’engager dans une activité financière sans intermédiaire. La DeFi propose une version décentralisée des bourses (Uniswap), des plateformes de négociation de produits dérivés (dYdX), des sociétés de gestion d’actifs (Yearn, Enzyme), du prêt-emprunt (Aave, Compound), des stablecoins décentralisés (MakerDAO, TerraUSD💀) ainsi que des services propres à DeFi, comme le liquid staking (Lido).

Nous avons récemment écrit un article séparé sur la DeFi et les 5 protocoles qui l’illustrent le mieux – lisez-le ici si vous l’avez manqué.

Ce qu’il faut retenir de la  DeFi, c’est que :

📌 tout le monde peut y accéder,

📌 les protocoles DeFi n’entrent pas en possession des fonds des utilisateurs,

📌 ils ne peuvent pas être arrêtés arbitrairement (même si l’interface est fermée, les utilisateurs peuvent interagir directement avec le smart contrat),

📌 les décisions de gouvernance sont généralement prises par la communauté via une DAO.

Les applications de la DeFi sont l’extension la plus naturelle des cryptomonnaies, et ils partagent les qualités d’être transparents et accessibles à tous, ce qui réduit considérablement la possibilité de fraude, tandis que les règles de gouvernance de la communauté aident à prendre des décisions pondérées.

La DeFi peut-elle résoudre les problèmes de la finance ?

La DeFi a sans aucun doute un grand potentiel, mais pour l’instant il a trop de problèmes qui la rendent presque impossible à utiliser par le grand public :

Problèmes techniques ⚙️

Comme tout logiciel, les protocoles DeFi peuvent présenter des bugs, qui permettent aux pirates de les exploiter ou qui peuvent avoir des conséquences inattendues. Les protocoles peuvent également cacher des inefficacités structurelles, comme le défunt stablecoin décentralisé TerraUSD.

Les sociétés d’audit des contrats intelligents et les généreuses primes aux bugss sont un moyen pour la DeFi de traiter ce problème, mais la sécurité à 100 % n’existe probablement pas, et l’espace a besoin de plus de compagnies d’assurance qui couvriraient toutes les pertes subies par les utilisateurs.

Mauvaise expérience utilisateur🧮

Même si certains protocoles peuvent simplifier leur utilisation (comme la fonction Uniswap qui permet d’échanger des tokens directement à l’intérieur des portefeuilles), l’espace reste globalement trop compliqué pour les non-initiés à la crypto.

Responsabilité de l’utilisateur 📑

Qui dit « décentralisation » dit « responsabilité » : si un virement bancaire erroné peut être annulé, vos bitcoins envoyés à la mauvaise adresse sont perdus à jamais.

Ce type de responsabilité effraie de nombreuses personnes, et l’abondance de sites de phishing incitant les utilisateurs à approuver des transactions frauduleuses rend le problème encore plus critique.

🧑‍💻 Aujourd’hui, les utilisateurs de la  DeFi ne doivent pas seulement savoir utiliser un wallet et naviguer entre les différents protocoles. Ils doivent également être extrêmement prudents et attentifs au phishing, aux piratages et aux autres menaces de sécurité. C’est trop pour beaucoup de gens, et ils choisissent la solution la plus simple : confier leur argent à une personne et la laisser le gérer… ce qui peut parfois avoir des conséquences dramatiques 💸

Ce qui peut briser ce cercle vicieux, c’est une amélioration radicale de l’expérience des utilisateurs de la DeFi, avec des solutions intégrées, des assurances appropriées et des garde-fous facilitant le parcours de l’utilisateur. D’ici là, la finance crypto est susceptible de se développer principalement dans ses itérations CeFi et TradFi 😏