La SEC peut-elle vraiment nuire à la crypto ?
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La SEC peut-elle vraiment nuire à la crypto ?


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Les régulateurs américains 🦅 continuent d’essayer d’intimider l’industrie crypto, et cette semaine, ils y sont peut-être même parvenus.

⚔️ La SEC (Securities and Exchange Commission) a obligé l’exchange Kraken à payer une amende de 30 millions de dollars et à fermer ses services de staking aux États-Unis, arguant qu’ils s’apparentaient à une vente de titres et soulevant des questions sur le sort du crypto staking aux États-Unis.

Cette décision intervient après l’accord conclu en janvier avec Coinbase (amende de 50 millions de dollars pour avoir ouvert des comptes clients sans vérification suffisante des antécédents), qui a également été contraint de tuer son projet Lend l’année dernière.

Il semble que la SEC soit déterminée à sévir contre l’industrie crypto – au moins sur sa partie centralisée (donc plus vulnérable). Peut-elle réussir ? Et si oui, qu’adviendra-t-il des marchés cryptographiques mondiaux ?

Essayons de répondre.

SEC contre Crypto

La SEC est un ennemi de longue date de l’espace crypto. Elle est accusée régulièrement de ne pas jouer franc jeu: l’agence n’a toujours pas défini les cryptoactifs qu’elle considère comme des titres (même si son président Gary Gensler affirme que tous, à l’exception du Bitcoin, les sont 🤦) et est connue pour choisir ses victimes d’une façon arbitraire.

Le fait d’obliger Kraken à fermer son programme de staking a créé une résonance dans toute l’industrie et a effrayé les marchés crypto : il est considéré comme l’une des raisons de sa récente dégringolade de -5% 📉

Gary Gensler a même fait une apparition à la télévision pour expliquer cette répression, dont l’hypocrisie n’est pas restée inaperçue pour le PDG de l’exchange, Jesse Powell :

En réalité, il est en effet plus qu’incertain qu’une offre liée à la crypto puisse passer par le pipeline d’enregistrement de la SEC, même en théorie, et de nombreux avocats suggèrent que ce serait sans espoir en pratique.

Le PDG de Coinbase, Brian Armstrong, a suggéré que la SEC prévoyait de se débarrasser de tout « staking de crypto aux États-Unis pour les clients retail », ce qui porterait un coup majeur à la CeFi (finance centralisée traitant des crypto) du pays .

Est-ce mauvais pour la crypto ? 🤔

Bonne nouvelle : le staking de crypto ne dépend pas du CeFi. Les utilisateurs stake ou délèguent leur crypto aux nœuds/services de staking afin de gagner des récompenses pour maintenir une blockchain PoS. Ce processus n’implique pas du tout d’acteurs centralisés 🤷

Bien sûr, CeFi facilite grandement la mise en jeu, mais le nombre croissant d’alternatives DeFi offre une interface conviviale et permet de mettre en jeu votre crypto sans avoir besoin de gérer un nœud.

Est-ce mauvais pour les marchés crypto ? 🤔

Là, c’est plus compliquée. Les investisseurs les plus influents au monde sont toujours les grandes firmes institutionnelles américaines, qui s’engagent rarement directement avec les cryptos ou la DeFi, préférant la sécurité bureaucratique du secteur CeFi. Maintenant que le CeFi américain est en danger sur le plan réglementaire, il pourrait en résulter soit une rétractation de leurs investissements, soit le choix d’un homologue étranger.

Dans tous les cas, cela pourrait déclencher une période de troubles sur les marchés.

⚖️As la chaleur monte, les résultats du jugement qui sera bientôt rendu dans l’affaire SEC contre Ripple deviennent de plus en plus importants, car ils pourraient créer un précédent pour l’ensemble du secteur, en définissant enfin ce que les cryptoactifs sont et ne sont pas des titres.

Qui peut défier la SEC ?

Tous les membres du gouvernement américain ne sont pas satisfaits de la SEC, et l’agence le sait. Elle a multiplié sa présence dans les médias pour tenter de convaincre les Américains ordinaires qu’elle protège leurs intérêts.

Comme cette vidéo sur le staking des cryptos, sortie la semaine dernière (⚠️warning, les mauvaises blagues abondent) :

Cependant, certains politiciens décident de mettre en doute le bluff de Gary Gensler.

Des sénateurs comme Patrick Toomey (R.-Pa) ont écrit des lettres accusant la méthode de « réglementation par sancionnement » de Gary Gensler d’être arbitraire et inefficace. L’agence s’est en effet montrée totalement inepte à protéger les utilisateurs de la mauvaise gestion de Celsius et de la fraude de FTX – bien que celles-ci relèvent de sa responsabilité principale 🗿

Patrick McHenry (R.-NC.), qui est maintenant président de la commission des services financiers de la Chambre des représentants, serait en train de monter un dossier contre Gensler en tant qu’instigateur des échecs de l’industrie 🌠

D’autres, comme Debbie Stabenow (D-Mich.) et John Boozman (R-Ark.), poussent un nouveau projet de loi, qui donnerait plus d’autorité pour superviser le trading de crypto à la CFTC (Commodity Futures Trading Commission), une agence qui dispute l’industrie de la crypto avec la SEC depuis longtemps.

Gary Gensler, quant à lui, compte parmi ses défenseurs la principale crypto-sceptique américaine, la sénatrice Elizabeth Warren (D.-Ma), qui préparerait également un projet de loi visant à donner plus d’autorité sur la crypto à la SEC.

La politique américaine est réputée pour avoir un contre-pouvoir qui fonctionne, et jusqu’à présent la bataille SEC contre Crypto n’est ni gagnée ni perdue. Cependant, les investisseurs américains ont toutes les raisons de considérer le risque réglementaire comme un risque majeur.

Et si la SEC gagne ?

Pour les besoins de l’argumentation, imaginons cependant ce qui se passe si la SEC gagne.

➡️ Pousser la CeFi hors des États-Unis

✈️ Crypto est mondial, donc même si la SEC parvient à pousser la CeFi américaine à l’étranger, ces services continueront à travailler.

Rappelez-vous les mineurs chinois ⛏️ ? Une grande industrie impliquant des locaux physiques et représentant 65 % du hashrate du Bitcoin a été bannie de Chine presque du jour au lendemain… pour réapparaître dans d’autres pays peu de temps après. L’exode des mineurs a fortement secoué les marchés, mais assez brièvement, et aujourd’hui l’absence de mineurs en Chine n’est regrettable que pour la Chine 🤭

Les entreprises de CeFi, capables de travailler depuis n’importe quelle partie du monde, peuvent faire de même encore plus rapidement – bien sûr, si elles parviennent à trouver des clients en dehors des États-Unis.

Si cela se produit, les marchés crypto peuvent voir leur croissance ralentie, mais globalement, cela ne changera pas grand-chose. Pour les États-Unis, en revanche, cela reviendrait à chasser les entreprises du pays, et cela va à l’encontre de ses principes fondamentaux, ce qui dynamiserait probablement la contre-pouvoir dont nous avons parlé plus haut🥊

➡️ Conduire plus de clients vers la DeFi

🪄 La principale alternative de CeFi est DeFi, ou finance décentralisée, et elle pourrait remercier M. Gensler de lui avoir apporté plus de business (sans parler du fait qu’il a réitéré  » not your keys, not your crypto «  dans sa vidéo 😅).

Le s sur takingdes plateformes centralisées comme Kraken étant interdit, les utilisateurs peuvent se tourner vers des protocoles comme Lido, qui sont hors de portée de la SEC grâce à leur décentralisation.

La prochaine upgrade d’Ethereum appelé Shanghai, prévue pour mars 2023, pourrait pousser encore plus d’utilisateurs vers la DeFi, car elle permettra les retraits de $ETH à partir du contrat de staking de la blockchain.

Au final, la décentralisation continue de s’avérer être un concept très puissant et extrêmement difficile à combattre. La Chine n’a pas pu prouver le contraire, c’est maintenant au gouvernement américain d’essayer 💁.

En attendant, nous pouvons profiter du déchaînement des mèmes inspiré par Gary Gensler 😂